Un siècle d’ostréiculture
Avec la remontée vers le nord, lente mais continuelle, des larves d’huîtres portugaises (Crassostrea angulata), l’estuaire du Payré devint alors, la limite nord de l’expansion « naturelle » de l’espèce. Ces huîtres sont des descendantes de celles accidentellement immergées en 1868 dans la Gironde. Après une colonisation (entre la fin du XIX ème siècle aux environs de 1910), ces huîtres formèrent de vastes gisements. Ils étaient principalement en amont du village du Port de la Guittière. L’ostréiculture locale ne tarda pas à naître, de cette nouvelle richesse, soit aux alentours de 1915.
S’adapter au sable. La grande difficulté de l’exploitation du site fut toujours l’adaptation au sable, mobile et imprévisible. Dès les années 50 – à l’exception de certains secteurs en amont et dont les fonds se comblent lentement de vase – l’essentiel du site est le domaine du sable. Des claires de pousse et des semis d’huîtres au sol s’effectuent sur les premiers. Alors qu’ailleurs, l’élevage tend vers la surélévation.
L’usage du casier (cadre de bois d’environ 1,60 m et plus sur 0,80 m, au fond souvent latté) monté sur des pieds qui lui sont fixés, est le seul mode d’exploitation qui permet de se dédouaner du sable. Néanmoins, cette technique nécessite un entretien conséquent. Afin d’éviter qu’il ne s’enfonce ou que les courants ne le déplacent, par exemple. Ailleurs, des tas de pierres, des ferrailles et surtout des tuiles (non chaulées) occupent une place peut-être dominante dans l’ostréiculture talmondaise, à des fins de captage.
Avec l’huître japonaise (Crassostrea gigas) qui prend la relève après l’épizootie de 1971 – 1972, le captage se fait plus rare et les concessions ne servent plus qu’à l’élevage. Les casiers, légèrement plus petits, sont implantés sur des chantiers fixes (pieux enfoncés sur lesquels reposent des barres de fer). Puis, dans les années 80, disparaissent progressivement, remplacés par des poches (très peu de ces installations subsistent aujourd’hui).
Sur les zones les plus stables (secteur à cailloutis dans la partie basse de l’estuaire), l’utilisation de table est courante. Ailleurs, les chantiers fixes restent la seule possibilité. Partout où le sable des berges est une menace et lorsque les courants de flot ou de jusant le permettent, les bords de l’estuaire sont retenus par des batardeaux de bois, de fibrociment ou même en parpaings. Malgré tout cela, le sable envahit progressivement le site et de très nombreuses concessions ne sont plus ou trop peu exploitées (estimation: 30% des 27 hectares de surface concédée).